L’approche ostéopathique de la tête a été conçue, dès son origine, à partir d’un modèle essentiellement biomécanique. Ce modèle est encore largement répandu dans l’enseignement de l’approche crânienne. Il présente l’avantage d’être facile à comprendre et à transmettre. Si on y regarde de plus près, force est de constater qu’il est manifestement obsolète et pour le moins controversé. La nécessité de concilier la pratique ostéopathique avec les preuves scientifiques disponibles, ainsi que l’esprit critique que nous attendons de la part de nos étudiants, ne sont plus compatibles avec le modèle explicatif de l’ostéopathie crânienne tel qu’il a été conçu par William Garner Sutherland.
Ces dernières décennies ont vu émerger un nouveau domaine de recherche s’intéressant à la mécanique des tissus vivants. Les ostéopathes pourraient y puiser des éléments particulièrement intéressants en vue de l’élaboration collective d’un modèle de diagnostic et de traitement de la tête. Ce qui d’ailleurs, serait davantage en adéquation avec l’état actuel des connaissances. De nombreux travaux de qualité permettent aujourd’hui de mieux comprendre le rôle et le développement des sutures crâniennes ainsi que la répartition des contraintes et des déformations sur le crâne.
Bien qu’ils figurent parmi les constituants les plus rigides du corps, les os n’en subissent pas moins des déformations, tant dans les scènes de la vie quotidienne qu’au cours d’événements traumatiques. Il s’avère que les os du crâne ne constituent pas une exception. Lors de ces deux jours de formation, nous passerons en revue les propriétés mécaniques des os et des sutures du crâne. Nous mettrons en évidence le rôle primordial que jouent les muscles dans les déformations physiologiques du crâne.
Alternant pratique et théorie nous tenterons de mettre notre manière de palper la tête en adéquation avec les données concernant la manière dont elle se déforme. La formation comprend aussi un volet historique permettant de mieux cerner les éventuelles sources d’inspiration de Sutherland. Cela permettra de faire la part des choses entre les idées innovantes qui ont été confirmées par la suite et celles qu’il convient aujourd’hui d’écarter pour laisser place à une nouvelle conception du comportement des tissus crâniens.
Marco Gabutti